Ramer...
Ramer ! Ah ca, je connais !
Non, non je ne suis pas une adepte de l’aviron ….
En voilà déjà un paquet d’années que je rame dans l’imbroglio de ma vie !
Et tire que je te tire, parfois j’ai mal au dos. Les bras sont douloureux et souvent j’ai eu envie de jeter tout, les rames et moi avec !
La vie n’est pas un long fleuve tranquille ! Ce n’est même pas un fleuve du tout !
Ce serait pratique ! Il n’y aurait qu’à se laisser porter pour le courant, éviter les tourbillons, atterrir de temps en temps sur les rivages paisibles.
Non, la vie est un arbre… au début tu n’es qu’une feuille, et puis petit à petit ta vie devient un tronc qu’il est plus difficile de déplacer, faire évoluer, avancer.
On perd tout ce qui est aérien. Bien sûr, sur notre rivage qui s’éloigne des sources, tu laisses de beaux arbres, tes enfants qui à leur tour feront leur chemin de vie. Alors tu es content car les arbres sont déjà beaux, bien implantés, bien droits.
Mais tu laisses aussi sur ta route des arbres morts, desséchés, brûlés, rasés. Ce sont tes amours mortes, tes illusions perdues, tes rêves abandonnés. Tes utopies sacrifiées au quotidien. Tes grands espoirs. Tes croyances. Ta foi.
Depuis longtemps je navigue en solitaire, pas une main aimée pour prendre les pagaies, me relayer.
Il faut avancer. Encore, toujours. Et l’écorce se fait plus dure. Tu t’éloignes du ciel, de la jeunesse. Petit à petit tu t’enfonces. Inexorablement.
Mais tu avances, là-bas, vers la terre profonde, retrouver tes racines. Le voyage va bientôt se terminer, de toutes façons tes forces s’amenuisent. Et puis tu en as tellement marre de ramer.
Alors tu pars en rêve, et d’un seul coup tout s’éclaire. Le soleil se met à briller et tu entends les oiseaux chanter. Tes bras sont à nouveau vigoureux. Ton âme devient légère. Tes bras deviennent des ailes et tel un oiseau tu survoles ta vie, mais tu la vois d’en haut. Tu ne vois plus les embûches, les mauvais moments. Tu retrouves tes rêves d’enfance, tes utopies innocentes, tes amours perdues.
Et tu te dis…. J’ai ramé oui. Encore et encore. Mais qu’elle est belle la Vie !