C'est l'histoire d'un mec

Sujet : Notice biographique

Sujet
Proposé par Black_Eye

Ecrire la notice biographique d’un personne peu célèbre (dans l’ombre de personnages célèbres) ou d’une personne imaginaire.
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«C'est l'histoire d'un mec... Vous la connaissez? Non? Oui? Non, parce que si... Non! parce que des fois y a des mecs... Vous la connaissez? Non, dites-le parce que quand les gens y la connaissent après on a l'air d'un con.
Alors là le mec... Ah oui! parce que y a des mecs des fois... Non, c'est un exemple. Oui, y a des mecs... Alors, euh... Ça dépend des mecs, parce que y a des mecs... Alors, bon, des fois, c'est l'histoire avec des bagnoles, tout là, c'est l'histoire d'un mec, mais un mec normal. Un Blanc quoi. Ah oui, parce que dans les histoires, y a deux genres de mecs. Ah oui! Alors t'as le genre de mec... Oui, euh... Moi, euh, oui, euh, oui, oui. Le mec, oui... Et pis t'as le genre de mec non, non. Alors on leur dit, mais des fois on est obligé. Non, le mec non... Et là, ce serait plutôt un mec non, le mec. Mais normal, je veux dire, pas un Juif. Ah oui, parce que y a des histoires... Y a deux genres d'histoires, ah oui, y a des histoires, c'est plus rigolo quand c'est un juif, si on n'est pas juif...»

- C’est l’histoire d’un mec qui ressemblait à un autre mec. Il aurait bien voulu être l’autre mec quoi.

Tu parles... Bon, l’début, l’milieu, mais pas trop la fin. Quoique ce mec là, même fini, il est là. Bien là. Et tant mieux d’ailleurs.

- Bon, je reprends. Vous me suivez ? Lâchez pas le fil, sinon, on s’en sortira pas.

- C’est l’histoire d’un mec qui ressemblait à un autre mec. Pas compliqué, non ??? Ca vous dit rien ??

- Bon, on a tout notre temps ! J’recommence !

- C’est l’histoire d’un mec…

- Coluche !!!

- C'est ca ! j’vois qui y’en a qui suivent…. Enfin qu’ont des souvenirs…

- Mais voilà, ca se complique. Car ce que je vous narre (c’est t’y pas bien dit..), ce que je vous narre, c’est l’histoire d’un mec … qui ressemblait à un autre mec !

- un sosie quoi !

- Merci au p’tit jeune homme au fond qui a trouvé !!!

- Alors, vous accrochez ?? C’est bon ???

La vedette c’est notre Coluche (je lui fais un petit coucou amical pour qu’il veuille bien me pardonner cette fiction, mais avec son grand cœur, je ne doute pas qu’il va se marrer de là où il est).

Mais la vedette de notre histoire c’est Jean Revol (toute ressemblance avec une personne portant ce nom serait totalement fortuite et non avenue), sosie de son état du sieur Colucci Michel précedemment nommé.

Jean Revol est né lui aussi en 1944. Le 24 octobre au lieu du 28 et à Marseille au lieu de Paris dans le 14e. Seulement aujourd’hui, il est toujours vivant lui, et non pas décédé  connement  sous son « putain de camion » le 19 juin 1986.

Comme son sosie, ventre rond, bille de clown, il a le goût de la provoc très tôt. Fait la nique à l’école et il use plutôt ses fonds de culotte sur les sièges du bistrot que sur les bancs de l’école.

P’tits boulots, absence du père, galères… bien des points communs avec notre regretté comique. Cependant, à l’heure où Coluche montre son nez rouge, son pantalon à carreaux et harangue les foules de sa voix gouailleuse, notre Jeannot, lui, fait le docker sur le port de Marseille.

En 74, il est là avec les copains au bar de chez Mimile.

Un mec à la télé jaillit de l’écran. Son sketch fait fureur. Ses copains, gouailleurs, lui lancent :

- Et l’Jeannot, c’est ton frère ce gros lard ?

La ressemblance est frappante. Il a l’impression de se voir dans un miroir.

Les copains sur les quais l’ont débaptisé. On l’appelle « Et l’mec »

… Il suit inlassablement l’histoire, l’ascension de celui qui, incroyable, provocateur, avec sa bille de rien du tout, son allure de gros con, gagne les cœurs, un à un.

Il l’envie. L’aura de Michel balaye tout. Il se permet tout. Même de se présenter aux élections, en 81. "Je vais foutre la merde" c’est son programme. Avec plus de 10% des intentions de vote d'après les sondages, "On" le pousse à se désister en mars 81. Faut pas pousser !!

Imaginez-vous la vie de Jean Revol dans ces années-là. Lui aussi sur les quais devient une "idole". Dans sa chambre, devant la petite glace, il a commencé à s’exercer. Décortiquer les gestes. Un à un. Les grimaces. Travaillé la voix. Les silences. Cherché des nippes. Pour ressembler à l’autre, ce Coluche qui se défie de tout, qui passe tous les obstacles.

Bien sûr, au moment du faux mariage avec Thierry le Luron, Jean fut victime des pires quolibets ! Des malfrats, de leurs mains obscènes, allèrent jusqu’à lui mettre la main au c…

Sa mère, fière de cette ressemblance jusque là, avait eu un peu de mal à passer ce cap. Quand même, … dans le midi, un mariage homo ca a du mal à passer ! « Bonne mère, mais qui m’a donné un petit pareil, peuchère !!! »

Et puis le scandale a passé. En 85, il crée ce formidable mouvement des Restos du cœur.

Jean est sur la lancée. Son idole, (il ne jure que par lui) qui bien evidemment devient un symbole, un emblême.

De salon en petit gala, il refait « coluche », le mime, l’imite, le vénère. Dans des clubs, au boulot, au café. Il ne se fait pas prier. Sa vie devient le reflet de la vie de l'autre. Dans l'admiration.

On est en juin 86. Le 19. Jean est content. Demain, il va enfin rencontrer sa vedette. Elle doit venir dans la région. Il va l’approcher, lui donner l’accolade, lui parler ?

La radio annonce laconiquement la nouvelle. En moto. Un putain de camion. Il ne l’a pas digéré... Adieu, Michel.

Août 2005.

Un homme écoute un dvd dans le midi, les yeux humides. Il est à la retraite. Sa vie n’existe plus depuis ce 19 juin 86. Il a rangé le nez rouge, le pantalon à carreaux. Ses rêves aussi. Même pour sa mère, il n’a jamais voulu "refaire" son idole, celui qui tous les ans veille sur les enfoirés, portrait géant qui préside ces soirées mythiques.

Il attend impassible que son rendez-vous ait lieu. Michel est vivant. Il l’attend. Il lui dira "Tchao pantin" et lui serrera la main.