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16 juin 2005

La plus belle pour aller danser...

Samedi matin.

Ce matin, je me décide. Ce soir je sors, je vais danser. Dax ? Tarbes ? Je ne vais pas le jouer aux dés .. ni me défiler comme les derniers week-ends ?

Allez je me secoue. Coiffeur. Magasins. Ne pas m'installer devant l'ordi et la télé. J'en ai envie, mon corps est ankilosé, que dire de mon coeur et de mon âme ! Cette dernière année, je suis allée tellement loin au bout de moi-même, au bout de ma patience, au bout de mes ressources. J'ai tout épuisé. J'ai réussi à rompre. Douloureusement. Contre ma volonté. Ma voix m'a lâchée d'abord. Un reste de fierté issu de je ne sais quelle réserve m'a permis de ne pas répondre à son dernier sms. Son orgueil a terminé de me sauver contre moi-même. Il me savait chez moi. Il n'est pas venu. J'ai réussi à résister à mon envie de composer son numéro, à prendre le chemin de Mont-de-Marsan... Pas vraiment à l'oublier, ni à regretter. Mais j'ai tenu.

Dax, la Guinguette. C'est là que je l'ai connu en mai 2002. Mais c'est là que je suis bien. Salle pas trop grande, bonne musique. J'y suis comme chez moi. Tarbes, le rétro. La salle est grande, je m'y sens perdue.

Je choisis Dax. S'il y est -ou pire avec une autre - je repartirai. 80 km, c'est pas la mer à boire.

J'ai retrouvé mon allant. Quelques mèches, lèche-vitrine, quelques essais non convaincants. Je mettrais des fringues anciennes, celles où je me sens bien et qui me vont même mieux aujourd'hui. Ces derniers mois j'ai rediscipliné mon corps.

Une douche, un brin de parfum.. et en avant. Musique à fond pour écouter et ne pas réfléchir et ne pas faire demi-tour surtout. Ma voiture reconnait le chemin... Tiens, un nouveau rond-point ? J'en fais même le tour complet... ma passion des défis !!! Mais je ne vais pas faiblir, direction Dax. Les derniers kilomètres, je fanfaronne moins. Mais je ne vais pas reculer si près du but ! Aller, dernière ligne droite, tourne, le petit chemin... mais il y a personne... d'habitude les voitures débordent du parking presque à s'égarer dans les champs... et si c'était fermé ???

Les lumières clignotantes m'invitent à rentrer. De dehors, un air de tango me susurre à l'oreille de vieux souvenirs. Derniers pas, premiers regards. Des têtes se retournent. Tiens une revenante... Pourvu qu'il ne soit pas là ! Une table libre, vite je m'y installe. Chouette, le disco commence.... se jeter sur la piste et se noyer dans la danse. Qu'importe les regards. Les autres. J'existe. Je plonge dans la musique mieux que dans l'eau. Mes jambes n'ont rien oublié. Ouf ! j'avais peur...

Le quart d'heure romantique... ca succède toujours au disco. Je regagne ma place et je file au bar. Ici, personne ne passe nous servir. Il faut y aller... pourvu que.. mais j'ai tellement soif. Ouf, je passe je me faufile, je ne regarde personne... pourvu que.... Le verre salvateur à la main, je retourne bien vite à ma place. Il n'est pas là. Ou bien il ne m'a pas vue. Bon je ne vais pas passer la soirée à délirer ???

A la table voisine, un couple et un homme seul. Grand, sympathique, bien habillé, un peu classe. Il se penche, il m'invite. Tout de suite je dis oui. La cohorte va défiler... et s'il me faut attendre que les périodes de disco... ca va être long.

Première fois. Ah les premières fois, il y en a de délicieuses... là c'est une première fois négative. La première fois que je ne danse pas dans ses bras... Il en faut des premières fois comme ca. Mais ca va. Pas collant, discret. Gentil. Il veut absolument que je parle.

- Pourquoi une belle femme comme vous avez-vous ce regard triste ?

Première phrase. Bien vu. Je m'aperçois que je suis comme un glaçon, trempée dans ma paranoia de mon dernier amour. Allez un grand sourire. Il essaie de me distraire. Je ne suis pas venue pour pleurer.

Je rentre dans le jeu, je me détends. Je ne me préocuppe plus qui est là et qui n'est pas là. Je fais le pitre. Tombe sur le derrière en essayant un truc de jeune sur un parquet plus glissant que celui de mon souvenir ... Il est écroulé de rire. Moi aussi. J'ai failli faire tomber un pépé landais qui me regarde d'un air offusqué. Son épouse, ronde, le ventre en avant, me regarde comme si j'étais une extra terrestre ! Ouf j'ai réussi l'examen ... je sais encore m'amuser ! Je les imagine s'écroulant tous comme dans un domino-day...

Rire libérateur... la soirée passe comme une flèche. De rocks en slows, de tangos en salsas... rien ne nous résiste ! La vie est belle, il suffit de le vouloir. Déjà 4 heures, la musique s'arrête.. on traine, je n'ai pas envie de rentrer. Il était venu avec un couple d'amis... ceux-ci tombent de sommeil... Il me demande si je pourrais le déposer à Dax en passant, pas de problème.

Il faut partir quand même... ils veulent fermer. Normal. On sort. Il fait doux. On sent déjà l'aube qui va se lever. Les oiseaux ne chantent pas encore. Je respire. L'océan n'est pas loin, une vingtaine de kilomètres.

Je propose :

- Ca serait super d'aller se promener sur la jetée de Capbreton, au phare.. voir le jour se lever.

Il n'y croit pas.

- Vous feriez ca ??

Moi :

- Oui sans problème, j'en rêve.

Lui :

- Banco !

Il est ému, il adore la mer. Personne ne lui a jamais proposé ca.

Je prends le volant, direction Capbreton. Tranquillement. On discute. Ses souvenirs d'enfant quand il allait avec son frère et sa mère sur ce port... Ce qu'il pêchait... Son métier aussi. Quand il travaillait sur les plateformes. Les hommes. La mer déchainée. Les odeurs. Les suicides des hommes qui ne tenaient pas le coup. Cet homme a souffert. Il le dit, je le sens. Je me sens proche de lui. Les ordis c'est pas son truc. Pas grave. Il ne connait pas. Cela lui fait peur.

Ca y est, on y est. La jetée est à deux pas. On se gare. La mer est basse. Un pêcheur est au bout. On voit une lumière rouge au bout de sa ligne. Petite lumière que duplique le phare rouge, qui lui-même s'alterne avec le phare vert. Au loin, un gros bâtiment se dessine à l'horizon.

On s'avance sur la jetée. Les planches à clairvoie sont de guingois. J'ai troqué mes escarpins, contre des sabots. Il me tient le bras pour que je ne tombe pas.

C'est dimanche, il est presque 6 heures. Le matin se lève. Jean-Louis me dit :

- Merci de m'avoir amené ici sur cette digue, c'est un super cadeau.

Je suis heureuse. Je m'aperçois que je ne suis pas en Provence et que le soleil ne rougira pas l'horizon puisqu'il se lève à l'est.

Pas grave. J'ai donné ma petite obole de bonheur.... le soleil va se lever, les cafés vont ouvrir et un croissant avec un petit crème... c'est pas ca le bonheur dans la vie ???

J'y crois ferme. L'horizon se dégage. Bonjour le jour, bonjour dimanche.

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