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27 septembre 2005

Les blouses blanches

Sujet

Mise en situation / fenêtre ...

Sous un format libre, écrivez un texte en vous appuyant sur la situation et les éléments suivants : une fenêtre, des arbres, un salon, un soldat, la couleur blanche...

edith1

Les blouses blanches.

Ça fera bientôt trois années,
Trois années qu'elle est internée,
Oui, internée avec les fous...
Avec les fous...

C'est à cause d'eux si elle est là,
Seulement voilà, on ne la croit pas,
Mais un jour ça va éclater : la Vérité !
Alors comme elle en a assez de pleurer,
De toutes ses forces elle se met à crier :
"Mais puisque j'vous dis que j'suis pas folle,
vous m'entendez ?!
J'suis pas folle ! J'suis pas folle !! J'suis pas folle !!!"

...Et à chaque fois y a les blouses blanches...
Encore et toujours les blouses blanches...
Elles lui disent : "Non, vous n'êtes pas folle !"
...pas folle... ...pas folle...

Les blouses blanches...
Elle aussi, elle en a eu une blouse blanche,
Ah non ! C'était une robe... Une petite robe blanche...
Une petite robe blanche avec des fleurs,
Y avait du soleil tout autour des fleurs,
Et dans sa main à elle, y avait une main :
Une belle main avec des doigts qui chantaient...
Qui chantaient... Qui chantaient...


Ah oui, elle se rappelle si bien de cette après-midi là !
Elle est là avec son amoureux dans le salon de ses parents.
Il est si beau dans son habit militaire ..
Le calot crânement penché sur le côté,
la taille bien prise, l’allure fière.
Il a jeté son calot, sa veste sur le canapé
du salon. Elle, coquette, s’échappe aux mains
qui veulent la saisir par la taille…
Il la rejoint dans l’embrasure de la fenêtre
la serre dans ses bras puissants … ah ces bras…
Elle lui tourne le dos, ils regardent ensemble
le parc devant eux, le saule qui se balance,
la prairie qui fleurit, l’air chaud qui monte
doucement plein des effluves du beau mois de juin.
Le souffle se fait plus présent dans son cou
plus chaud, des doux mots murmurés.
Elle ferme les yeux et se laisse happer
par le désir présent, par le besoin de s’approcher
encore de ce corps-là. Doucement elle se retourne.
Ses cheveux captent la lumière et l’aurèolent
d’or. Déjà sa bouche s’ouvre, elle ferme les yeux.
La belle main aux doigts qui chantent
prend son visage avec tant de douceur …


Ah ! Encore les blouses blanches !...

Ça fera bientôt huit années
Huit années qu'elle est internée
Oui, internée avec les fous...
Avec les fous...

Un grand trait sur les huit années
Tout comme si rien n's'était passé
Une nuit elle ira leur voler leurs huit années...
Tiens ! V'là la main comme le jour d'la robe blanche...
Mais pourquoi qu'elle a mis toutes ces blouses blanches ?
Non ! Puisque j'vous dis que j'suis pas folle,
vous m'entendez ?
J'suis pas folle ! Je suis pas folle !! J'suis pas folle !!!


Elle s’est levée dans la nuit. La main, la belle main
est revenue. Elle est venue dans la nuit noire.
Loin du jardin, des arbres qui se balancent.
La prairie du mois de juin, elle n'a jamais refleuri.
Elle s’est donnée à lui dans cette prairie au clair de lune.
Elle sent encore la douceur de sa peau,
sa mâle assurance, la main aux jolis
doigts qui chantaient sur son corps…
Le lendemain, il partait. La mobilisation.
Elle a attendu. S’est obstinée. Son beau soldat.
Il lui a dit de l’attendre, qu’il reviendrait.
Qu’il la marierait. Les mois ont passé.
Des oiseaux noirs ont détruit la belle maison
le beau salon, l’embrasure de la fenêtre
où sa main, sa belle main
avait chanté dans ses cheveux.
Et puis ses parents ont déserté aussi.
La guerre vorace a tout englouti.
Elle n’a pas compris, pas accepté.
Elle s’est laissée couler, tout doucement...
Il reviendra. Il me l’a dit. Je l’attends.
Je lui ai promis... Je t’attends ! Je t’ai promis
Comme elle a eu raison d’attendre !
La main est là dans le noir. Doucement,
Elle caresse les cheveux, étreint son corps.
La voix est là aussi et murmure, elle l’entend
« Viens viens me rejoindre dans la prairie… »
Elle se lève, s’approche de l’embrasure
de la fenêtre. En bas, les arbres dansent,
elle voit la prairie émaillée d’étoiles…


Vous voyez bien que c'était vrai...
Moi je savais qu'elle reviendrait... la main...
La belle main qui riait... riait... riait...

On s'aimera toujours...
Mon amour... Aha !
Toujours... Aha !
Mon amour... Ahaha !!...
Toujours !... Ahahaha !!!...


Elle a rejoint ses rêves dans sa robe de nuit
virginale… en plongeant vers la prairie d’étoiles.
Les blouses blanches l’ont déposée
sur son lit et l’ont recouverte d’un drap blanc
.

Quand j'ai entendu Edith Piaf chanter ce texte, j'ai compris au fond de mon être que l'amour c'était quelque chose de si grand... qu'on pouvait aussi en mourir.
C'est en pensant à elle, que je me suis permis ces "ajouts". Qu'elle me pardonne.

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Commentaires
I
... merci de ces mots. J'ai remarqué effectivement que peu de gens connaissaient cette chanson... qui est en elle même inoubliable. Ravie de rencontrer quelqu'un qui a ressenti cette même émotion (le terme n'est pas assez fort..) devant cette chanson qui reste gravée en moi
A
Cette chanson me donne le frisson, elle est <br /> horriblement belle et magistralement interprétée par la grande edith. Une froideur inégalée, les mots tenus juste ce qu'il faut, le tam tam creux, le piano...les mots répetés, on la voi la folle en fermant les yeux...on sent son desespoir, son envie de se barrer de cet asyle....et sa folie...à la fin implacable...<br /> Superbe interpretation que j'ecoute là à l'instant sur le live en vynile de 1961 et tes rajouts sont vraiment interessants...<br /> bravo<br /> Artur
A
Quel moment. Tout s'arrête...rien n'es plus...le tam tam creux, le paino, les notes tenues...les repetitions...Les délires en longueur de phrases incroyables, le crescendo sans arret...et on sent la folie, on la voi la folle...on la sent, on vit ses délires , ses certitudes...et sa folie qui reviens à la fin implacable contredire tout le reste...le live de 1961 contient une superbe interpretation de cette chanson horriblement belle...<br /> bravo a toi pour ces rajouts...une autre dimension, moin abyssalle peut etre mais interessante malgré tout...<br /> bien à toi <br /> artur
I
quel merveilleux compliment que tu me fais là...<br /> Merci à toi.
C
La haut dans les étoiles,Edth Piaf doit être bien fière de toi!<br /> Très émouvant ton texte...j'en ai les larmes aux yeux!<br /> Tu écris formidablement bien!
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